La véritable innovation ne venait pas d’une technologie nouvelle, mais d’une stratégie de ciblage différente, et d’une manière radicale de considérer chaque personne exprimant un soutien - pas seulement les bénévoles traditionnels - comme quelqu’un de capable de jouer un rôle actif dans la campagne.
L’équipe n’a pas cherché à réinventer la tech : elle a utilisé les outils existants, de manière cohérente et disciplinée, pour capter et canaliser l’énergie autour de la campagne.
Chaque soutien avait un rôle.
Chaque interaction ouvrait une conversation.
Chaque moment d’attention pouvait devenir une donnée activable.
C’est cela, plus que tout, qui a transformé l’enthousiasme en une véritable force de terrain à l’échelle de New York.
Une stratégie « Big Tent » : parler à ceux à qui personne ne parle
La principale innovation est apparue dès le départ : refuser de construire la stratégie autour des « électeurs habituels » pour un candidat démocrate.
Au lieu de cela, l’équipe s’est tournée vers des communautés largement ignorées par les campagnes traditionnelles — d’autant plus dans une primaire face à Andrew Cuomo et ses méthodes de ciblage classiques.
Ces communautés sont devenues le cœur de l’opération.
Qui ils ont ciblé
- Les foyers multilingues
- Les familles immigrées
- Les locataires modestes vivant dans des immeubles denses
- Les électeurs peu votants, souvent considérés comme “injoignables”
- Des électeurs de la classe moyenne ayant voté Trump, sensibles à un discours « America First » ou à la priorité donnée aux problèmes du quotidien
Ces groupes n’étaient pas un ajout.
Ils étaient la stratégie non conventionnelle de la campagne.
Pourquoi c’était décisif
La plupart des campagnes se disputent le même segment d’électeurs.
L’équipe Mamdani a élargi l’univers électoral en allant chercher celles et ceux qui avaient :
- le plus à perdre,
- le moins confiance dans la politique,
- la possibilité réelle de revenir vers un candidat démocrate si on parlait de leurs préoccupations quotidiennes,
- et le plus de chances d’agir dès qu’on leur parlait vraiment.
Ce n’était pas une innovation idéologique.
C’était une innovation opérationnelle.
Une culture radicale centrée sur les soutiens - et une joie collective assumée
Le deuxième changement majeur fut culturel : la campagne n’a pas construit un programme de volontaires, mais un système d’activation de chaque soutien.
La plupart des campagnes distinguent :
- les soutiens passifs
- les bénévoles actifs
Ici, cette frontière a disparu.
Chaque soutien pouvait agir
Un like, un commentaire, un DM, une vue sur un reel, une discussion de trottoir…
Chaque micro-interaction était traitée comme le début d’un engagement.
Les soutiens étaient encouragés à :
- faire du porte-à-porte
- recruter des voisins
- envoyer des messages à leurs contacts
- passer des appels
- traduire du contenu
- créer des memes, vidéos et contenus pédagogiques
- aider au “Get Out the Vote” : mobiliser les gens pour le jour de vote, ou en l’occurence les jours de votent
- organiser des actions locales, souvent à des horaires inhabituels y compris la nuit car les gens travaillent en journée
Cette culture a libéré quelque chose de rare : l’énergie est apparue partout, pas seulement au QG.
Pourquoi ça a fonctionné
Les gens restent engagés quand :
- on leur fait confiance
- ils comptent vraiment
- ils apprennent quelque chose (convaincre, appeler, écrire, poster…)
- leur action a un impact visible
- la barrière d’entrée est basse
- la communauté est vivante, joyeuse, contagieuse
La campagne n’a pas bâti une audience.
Elle a bâti une force de travail distribuée.
Action Flows, workflows & discipline multicanale
La troisième innovation était opérationnelle : l’utilisation disciplinée de workflows automatisés (Action Flows) pour transformer l’énergie des soutiens en actions structurées.
En pratique : simple, mais implacable
Chaque interaction sur les réseaux sociaux déclenchait un message invitant la personne à faire un pas de plus.
Pas d’entonnoirs compliqués.
Juste des formulaires avec des parcours d’engagement derrière.
Quelqu’un interagit → reçoit un message → s’inscrit → est onboardé → passe à l’action.
Formulaires → onboarding → affectations → action
Le système faisait le travail difficile :
- les formulaires collectaient les données
- les workflows orientaient les soutiens
- les rappels d’action partaient automatiquement
- chacun était affecté à une équipe locale
- les relances maintenaient l’engagement
- l’humain s’insérait dans ces workflows (un appel, un SMS au bon moment)
- le porte-à-porte donnait la structure finale
Résultat : un pipeline de recrutement fluide et massif.
Le porte-à-porte : le cœur de tout le système
La campagne était aussi terrain et le Porte-à-Porte même sous forme de déambulaton urbaine était massif.
Toute la stratégie - ciblage, culture, workflows - visait à produire davantage de personnes actives sur le terrain et des conversations plus profondes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
- Plus de 50 000 inscriptions
- 30 000 bénévoles actifs pendant la primaire
- 100 000 au total avant le jour J
- 1,6 million de portes frappées pendant la primaire
- 3,1 millions au final
Du jamais-vu pour une campagne municipale.
Des soutiens novices devenus volontaires en quelques heures
Grâce à :
- les Action Flows
- un onboarding rapide
- des scripts simples
- l’app de porte-à-porte
- des micro-équipes
- une formation axée sur la confiance
Un soutien pouvait passer de :
« J’aime bien le candidat »
à
« Je frappe 60 portes aujourd’hui » en une seule journée.
Un message clair, local et omniprésent
La communication n’était pas une question de volume, mais de clarté.
La campagne utilisait les canaux auxquels les gens répondent réellement, mais surtout : le message restait toujours
- local
- accessible
- ancré dans les réalités du quotidien
Le loyer.
Les transports.
La sécurité.
Le coût de la vie.
L’école.
La dignité.
Les soutiens l’ont amplifié parce qu’il leur ressemblait.
Choisir un logiciel capable de canaliser l’énergie des soutiens
Dernière leçon stratégique : il faut une plateforme d’organisation capable de transformer l’énergie des soutiens en actions.
Un outil moderne doit :
Capturer l’énergie des soutiens
Transformer chaque moment d’intérêt en étape suivante.
Centraliser et activer les données
Les rendre organisées, assignables, actionnables, visibles pour les équipes terrain.
Piloter l’action grâce aux workflows
Automatiser les relances, orienter les soutiens, et les amener au bon endroit au bon moment.
Si votre logiciel ne fait pas cela, il ne propulse pas votre campagne - il la freine.
L’essentiel
La campagne Mamdani n’a pas gagné grâce à une nouvelle technologie.
Elle a gagné parce qu’elle a su utiliser la technologie : pour capter, structurer et multiplier l’énergie des soutiens grâce au terrain.
La formule est simple :
- un ciblage non conventionnel
- une culture centrée sur les soutiens
- des workflows qui ne laissent jamais retomber l’élan
- une machine de porte-à-porte
- un message clair et multicanal
- un logiciel qui transforme l’attention en action
Ce n’est pas une idée nouvelle.
C’est du bon sens - enfin appliqué à grande échelle.
Et ce n’est pas seulement un plan pour les campagnes politiques.
C’est la nouvelle norme pour toutes les organisations : syndicats, associations, collectifs, mouvements, réseaux d’activistes - tous ceux qui cherchent à transformer le soutien en action réelle.
Ni idéologique.
Ni théorique.
Stratégique et opérationnel.

